Rencontre avec Jean-Baptiste Heyberger, directeur du département Architecture & Système

Jean-Baptiste Heyberger

Notre tour d’horizon de notre Direction se poursuit. Cette semaine, rencontre avec Jean-Baptiste Heyberger. Après avoir travaillé pendant 20 ans sur des outils de calculs et d’analyse pour la protection des réseaux en courant alternatif (AC), Jean-Baptiste Heyberger a rejoint SuperGrid Institute en 2024 pour prendre la direction du département Supergrid Architecture & Systems. Un nouveau challenge pour se frotter au domaine du courant continu (DC) et compléter son expertise.

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

J’ai passé plus de 20 ans chez RTE, le gestionnaire de réseau français (TSO). Les 15 premières années, j’ai travaillé en grande partie sur les outils d’analyse de sécurité des réseaux AC (load flow). Par la suite, je suis passé du côté du calcul dynamique et plus précisément sur la simulation électro mécanique (RMS) pour l’analyse de réseau.

J’ai passé ma vie à contribuer au développement d’outil d’analyse de réseau, en m’aidant de ma formation en mathématique. J’aime développer ou améliorer des applications qui existent mais aussi de formaliser de nouveaux problèmes et essayer de les résoudre !

Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre SuperGrid Institute ?

Le fait de pouvoir me plonger dans le DC et de découvrir de nouveaux dossiers techniques. C’est un succès ! En à peine après quelques mois ici, j’ai eu l’impression de découvrir toute la deuxième moitié du réseau électrique. Ce ne sont pas les mêmes méthodes, pas les mêmes façons de raisonner sur le comportement… c’est passionnant.

En parallèle, j’aimais l’idée de travailler avec une large palette d’entreprises mais aussi de renouer avec la R&D que j’avais quitté durant les dernières années de ma carrière.

Le DC, c’est sûr que c’est un tout autre univers…

Oui mais je peux heureusement capitaliser sur mon expertise passée ! Il faut être en capacité de comprendre la vision AC pour l’étendre au DC. Les gestionnaires de réseau et les acteurs de l’écosystème sont plutôt orientés AC car les problématiques du terrain en sont issues. On ne peut pas isoler l’un de l’autre et il faut faire évoluer nos méthodes et nos outils d’analyse.

Avec ma vision des deux univers, je peux faire la jointure entre les deux, en m’appuyant sur un formidable vivier d’experts ! Notre équipe est jeune et dynamique. Nous pouvons facilement nous adapter pour répondre aux nouveaux besoins de nos clients.

Quelles sont les principales activités de ton département ?

Nos actions portent sur le contrôle et la protection des réseaux DC, les analyses technico-économiques (TEA) et enfin les simulations en temps réel du réseau.

Côté contrôle et protection, nos experts travaillent notamment sur les réseaux MTDC et comment les équipements peuvent s’interfacer entre eux même s’ils ne proviennent pas du même fabricant. Cette partie est très liée au projet InterOPERA, dont SuperGrid Institute est le coordinateur.

Côté TEA, nous développons des outils et des méthodologies pour optimiser l’intégration des énergies renouvelables. Pour le raccordement d’une ferme éolienne par exemple, nous pouvons dire à nos clients quelle est la meilleure architecture. Nous pouvons nous appuyer sur notre outil interne OpTEAsoftWind. Dans cette même thématique, nous sommes coordinateurs du projet européen HVDC-WISE, qui vise à trouver la meilleure option de connexion pour un réseau maillé en mer du Nord.

Enfin, nos plateformes de simulation en temps-réel nous permettent de tester des équipements avant installation sur le terrain. Nous pouvons ainsi vérifier que l’équipement a le comportement attendu sur le réseau électrique et minimiser les risques. Dans le cadre du projet OPHELIA, nous avons pu intégrer tous les contrôles des différents fournisseurs du projet, pour vérifier la bonne co-existence de ceux-là avant de faire les essais grandeur nature, sur site.

Tu as cité trois projets très intéressants auxquels SuperGrid Institute participe…

Oui et il y en a pleins d’autres encore ! SuperGrid Institute s’est vraiment développé ces dernières années au sein de l’écosystème. Notre neutralité et notre grande expertise dans le domaine font de nous une force et nous avons un rôle important à jouer.

Quels sont les challenges majeurs à venir pour la transition énergétique ?

Je pense que le plus gros challenge va être de faire évoluer les approches d’analyses actuelles des réseaux électriques.

La part de l’électronique de puissance augmente et modifie le comportement classique du réseau. La rapidité de réaction se développe et transforme structurellement la manière dont ont analyse les réseaux. On l’a bien vu récemment avec le black-out en Espagne. Il y a aussi beaucoup plus de communications entre les équipements et donc un plus gros risque de cyber attaque.

Nous devons être prêts à répondre aux attentes des TSO et des équipementiers sur ces sujets, en mettant sur pied des outils et une expertise pour appuyer ces demandes car cela évolue très vite. Il y a pleins de nouveaux challenges, rien n’est gagné, et c’est excitant !

Comment abordez-vous cette adaptation constante aux besoins de vos clients ?

Nous nous efforçons de nous adapter au maximum aux besoins de nos clients, de bien comprendre leurs enjeux pour leur apporter les meilleures réponses possibles. Comme je le disais tout à l’heure, notre équipe est jeune, dynamique et flexible. C’est une force.